lundi 15 octobre 2007

Présentations


Je suis une calamité cosmique.

L’idée n’est pas de moi mais de ma patronne, depuis que je me suis distingué dernièrement aux côtés d’une œuvre contemporaine, une autre « calamita cosmica », la vraie…

L’histoire, elle commence toujours bêtement avec moi. Je me balladais tranquillement, le museau collé à l’arrière train de l’étourdissante Shana qui semble s’être habituée à ma présence discrète. Enfin, on va dire que c’est de la fausse modestie. Disons plutôt qu’elle est accroc mais ce n’est pas là le sujet.

Les patronnes étaient un peu plus loin quand bizarrement elles se sont arrêtées de parler pour se mettre à faire subitement des grands pas, chacune de leur côté le long de…sacré nom d’un chat, je ne rêvais pas : un géant au nez crochu était couché entre les parterres de fleurs, les doigts de pied en éventail, faisant face au château.

Un géant, sans chair et sans odeur, tout en os.

Je n’ai jamais vu autant d’os, même dans la poubelle du Limousin. Les filles étaient obligées de faire 20 pas pour le parcourir de la tête au pied (en effet, je sais compter…ce qui n’est pas exceptionnel chez un chien qui sait écrire).

C’est tous ensemble qu’on a découvert le nom de ce tas d’os, assemblés en forme d’humain : « calamita cosmica ». Malika avait deviné exactement sa taille, parce qu’il faisait la moitié d’une grue pour saut à élastique. En fait, je crois que je ne comprends pas toujours ce qu’elle dit.

Moi, je ne vous cache pas que ça m’a un peu ébranlé cette rencontre insolite. Du coup j’ai perdu de vue le derrière de Shana.

C’est à ce moment là que ça s’est gâté. On peut résumer en disant que j’ai laissé moi aussi une empreinte artistique, qui confinera au génie pour certains.

Attention, pour les mauvais esprits, je jure que je ne me suis pas soulagé au pied du squelette. Oh, bien sûr j’y ai pensé mais au final, faut reconnaître que je suis plus fin que ça.

Je ne me suis pas non plus contenté de fuguer, car je pense que plus ça va, moins ma patronne met de la motivation à me chercher. Non, j’ai fait un truc encore plus dingue : j’ai disparu.

Mais vraiment disparu, d’un seul coup. Un numéro d’illusionniste, très logique dans le fond et rien de bien surnaturel.

J’étais en train de marcher sur les cailloux et d’un seul coup, je me suis retrouvé en suspension dans…un magma de branchage. Un buisson quoi…qui était planté là, à un niveau inférieur, 1m50 plus bas. C’est pas que j’étais mal à l’aise mais j’entendais les filles en train de s’énerver en haut, sûrement parce qu’elles ne me voyaient plus.

Ce qui m’ennuyait c’était d’être en l’air sans l’être vraiment car les branches me soutenaient quand même encore à 50 cm du sol. J’avais surtout peur que Shana me surprenne comme ça, en train d’avoir l’air con…et puis, j’ai subitement réalisé que je pouvais perdre mes chances de me reproduire (ce qui aurait été navrant pour la culture canine) car je commençais à être un peu gêné au niveaux des parties sensibles si vous voyez ce que je veux dire.

Cette pensée a été le déclic je crois qui m’a fait me propulser hors du buisson. Propulser n’est pas vraiment le mot puisqu’on ne peut pas dire que je me sois dégagé en exécutant un magnifique bond aérien. Je me suis plutôt écrasé de tout mon poids sur le sol, entraînant une bonne partie de la végétation avec moi. Je ne sais pas trop ce que j’ai entendu craqué et j’ai hésité entre mes os et les branches. De toutes façons, je ne faisais plus qu’un avec la nature et l’artiste italien de « calamita cosmica » aurait été bluffé par le résultat.

Je ne comprends pas pourquoi ils foutent autant de buis au château de Versailles. C’est irresponsable. Bref, j’ai dû contourner la rangée de buis, monter les petites marches et là…

Franchement, je l’aime bien ma patronne mais elle n’est pas très vive …c’est pour ça que je préfère toujours faire mes conneries en présence de Malika, même si elle est, tout au contraire, un peu trop rapide dans l’action (quand elle n’a pas ses clefs, elle est du genre à escalader la façade, mais pas du bon immeuble…).

Bref, en rejoignant ma position initiale, celle que j’avais avant de disparaître, je surprends les deux nanas, de derrière, en train de scruter les profondeurs du buisson que je venais de traverser. La tête qu’elles avaient quand je les ai surprises !

La fin du scénario est assez classique. Ma patronne, en me voyant, s’est esclaffée : « il est vraiment con ce chien » et Malika de confirmer « t’as raison, il en devient talentueux ».

Ce qui m’a un peu vexé dans l’histoire, ce n’est pas leur réflexion oiseuse, c’est surtout qu’après elles n’en pouvaient plus de rire au dessus du buisson, sculpté par mes soins. Moi, ça ne me faisait pas mourir de rire d’imaginer le jardinier en train de découvrir la moulure d’un basset dans un buisson impeccablement taillé.

Les patronnes ont eu l’air au contraire d’y voir une œuvre, grandeur nature, capable de rivaliser avec la « calamita cosmica », la vraie….

Enfin, le réconfort n’a pas tardé à venir. La renversante Shana est venue à ma rencontre. Je n’ai jamais vu des guiboles comme ça, le double en longueur des miennes ! Elle m’a toujours assuré que ça ne la gênait pas que je sois un peu plus petit. Et puis je sais qu’elle apprécie chez moi mon style, toujours désinvolte, un peu baroudeur. Je crois qu’il n’y a que moi qui suis capable de la surprendre autant.

Avouez que ma prouesse est inédite. On a déjà vu un buisson traversé de long en large ou même de travers mais de haut en bas, hein? je me suis même payé le luxe de faire une escale au milieu du parcours, le temps d'admirer le paysage.

Ça me fait penser qu’il faut que je réfléchisse à une autre catastrophe tragi-comique pour demain.

Voilà pourquoi, je suis une calamité cosmique, pas la vraie (qui est celle exposée au château de Versailles) mais bien la réelle par contre.

Ah oui! j'oubliais: ceux qui ne font pas de différence entre la vérité et la réalité ne sont pas armés pour lire les chapitres qui suivront. Au mieux, ils ne comprendraient pas, au pire, ils deviendraient fous ou me prendraient pour un dingue.

3 commentaires:

Unknown a dit…

HELLO
Apres lecture, force est de constater que ce Bug de la nature est tout sauf animal ! quel narrateur ! est il photographe ? car finalement nos esprits ont chacun imaginés à leur manière les exploits de ce chien cosmic et magicien ! enfin sauf lorsqu'il lui prend l'envie irresistible de dévorer les sièges de la voiture ... on rigole moins mais cela dit après un dur moment on se prend de fous rires. J'attends avec impatience les suites des aventures de ce Bug le Dog de Chantal ou est ce la Chantal a son Bug ... Qui mène la danse ?

Bug a dit…

les sièges de la voiture, c'est parce que je fais de l'hypoglycémie...je me suis suffisamment expliqué sur ce chapitre, mais s'il le faut, je recommencerai.

isabelle a dit…

hi hi hi très drôle ce bug et comm equi dirait un peu facécieux non ? c'est vrai qu'il a beaucoup de charme et rien qu'en regardant sa patronne d'un air implorant laissant croire qu'il n'a rien fait ou tout du moins "ce n'est pas ma faute" a d equoi faire craquer....Un sacré phénomène.!!!