lundi 20 octobre 2008

Temps mort










Renaud aurait aussi bien pu chanter que ce n'est pas l'homme qui prend le temps mais le temps qui prend l'homme.

Ici, c'est très différent. Du temps, vous en aurez à gogo. Vous pouvez vous en servir sans complexe, sans avoir peur de le laisser déborder.

Vous trouverez du temps qui passe à l’allure d’un TGV mais aussi celui qui s'écoule lentement, comme un robinet mal fermé.

Les temps durs et les temps lourds, ça ne se fait plus. Complètement Has been.

Nous vous proposons désormais des modèles très faciles à porter: du temps souple qui s'étire comme un élastique ou, pour les inconstants, du temps tellement léger qu'il finira par tourner…en temps de chien. C’est dire. On pense à tout le monde, c'est un véritable défilé.

Mais le plus rare, le plus insaisissable est le temps suspendu, celui après lequel je ne peux pas m'empêcher de cavaler.

Car c’est un moment à ne pas manquer, aussi important qu'une éclipse, celui où vous surprenez le temps en train de se suspendre, comme s'il voulait se tuer lui-même.

Cet instant suspendu, ce peut être celui où une station balnéaire sombre silencieusement dans une nouvelle dimension et se trouve rendue à une beauté sauvage et farouche chaque matin inégalée.

A ce moment là, tous les temps se réunissent pour rejoindre la mer et se transformer en une obsédante mélodie à quatre temps. C’est la plainte du temps qui se croit noyé ou mort.

Ici, on m'imagine soustrait au temps alors qu'au contraire, j' évolue dans le mécanisme même d'une horloge, dont le pendule est remplacé par le va et vient des marées. Dans cet endroit que l’on croit intemporel, le tic et le tac s'amusent à effacer mes pas et à affoler ma course qui veut échapper à l'écume.

Bienvenu dans les entrailles du temps, le temps universel, celui de l'éternel renouveau.

Ici, je veux croire en tout, à la sagesse et à la folie, à la joie et à la mélancolie, au pathos et à la fantaisie, aux fantômes et aux vivants. Il n'y a plus de crainte à avoir. J'ai trouvé le bon tempo et tant pis si je le perds à nouveau.

Il n y a rien de tragique à perdre son temps ni même à le traiter avec désinvolture. Le temps ne vous en voudra jamais. Bien au contraire, il reviendra de plus bel. Pas moyen de tailler la zone sans lui, il me colle maintenant à la peau.

Le temps et moi, c'est une histoire sans fin, sans que l'on sache vraiment qui court après l'autre.




L'Horloge, et son coucou