lundi 7 janvier 2008

Juste pour notre Bouille

J’ai perdu une amie au tout début de l'année.

C’est bizarre parce que moi, je ne souffre pas trop de son absence. Nous les chiens, nous sommes juste attentifs à la bonne santé de ceux qui nous hébergent et qui nous nourrissent. C’est un peu égoïste mais c’est comme ça. Je n’ai jamais dit que nous n’avions que des qualités.

Par contre, je suis très peiné pour ses maîtres. Je suis toujours plus sensible à la tristesse des humains que des chiens.

Je me dis que ma patronne a eu une sacrée chance parce qu’elle a eu le privilège de partager avec Bouille et ses maîtres ses dernières vacances d’été, dans l'Ardèche. En fait, elle n’a pas fait trop attention à leur Bouille durant cette belle semaine parce que la chienne semblait déjà très fatiguée et un peu absente.

C’est comme ça, on ne s’intéresse plus à vous quand vous arrêtez de vous agiter. C’est pour ça que je m’agite tout le temps, simplement pour qu’on ne m’oublie pas.

Sa bonne humeur et sa vivacité légendaire l’avaient déjà un peu quittée, en ce mois magnifique d’août 2007. Elle était juste calme et sereine parce qu’elle savait que ses derniers mois, ses derniers jours, elle les finiraient avec ceux qu’elle a toujours aimés, toute sa vie.

C’est beau l’amour sous haute fidélité. On n’a plus peur de rien.

C’est notre seul privilège, nous les chiens. Les hommes nous sont toujours fidèles. En fait, il n’y a pas de juste milieu avec les chiens : soit on nous attache à un tronc d’arbre, soit on nous aime toute notre vie.

C’est un peu la roulette russe. L’avantage, c’est qu’on est en général fixé très rapidement.

Moi, c’est un peu particulier parce que j’ai été abandonné deux fois. Il a fallu que je tombe sur quelqu’un d’aussi taré que moi pour prétendre à une certaine stabilité.

Bouille, elle a gagné au premier coup. Dès sa naissance, elle est bien tombée. Elle avait même adopté des comportements d’humains alors que moi, je ne suis pas encore très au point.

Je me demande souvent comment elle réagirait, la patronne, si je disparaissais. A mon avis, elle serait perdue car elle n’aurait plus la chance d’avoir mes petites leçons de philosophie quotidiennes, plus ou moins pertinentes c’est vrai.

J’ai une idée géniale ! je vais faire plein de conneries d’avance, que je vais bien cacher.

Comme ça, lorsque je ne serai plus de ce monde, elle les découvrira petit à petit et je continuerai à distiller par petites doses toute ma grande sagesse.

Ça me fait penser à un roman à l’eau de rose Le Zèbre. C’est un peu mièvre mais l’idée présente au moins le mérite de m’occuper les prochains jours. Et puis, je vais le faire en hommage à notre Bouille.

Car oui, notre Bouille mérite un bel hommage.

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