lundi 28 janvier 2008

Quand j'irai à Ouarzazate...



Je laisserai derrière moi les hauteurs du Toubkal, et continuerai mon avancée dans ce monde minéral pour atteindre la vallée des Roses.
En plein cœur du Haut Atlas, je m’élèverai alors en montgolfière et sans effort, je parcourrai du regard ce labyrinthe de vallées et de gorges splendides en savourant un thé à la menthe qui sortira, fumant, de ma bouteille thermos.

Je bazarderai gaiement par-dessus bord le téléphone portable, l’agenda électronique et la montre. Telle une particule en suspension, je me sentirai invulnérable, si ce n’est que ma vie tiendra au seul ronflement de la montgolfière.

Le temps m’appartiendra et l’air m’enveloppera de sa douceur infinie. Je m’inventerai une musique pour compenser la désintégration de mon MP3 dans les airs et cette exquise mélodie accompagnera ma traversée de la vallée du Dadès, au dessus de l’Oued. Je voguerai ainsi à la rencontre du Mont M’Goun.

En chemin, je verrai lentement défiler ce paysage enchanteur animé de temps en temps par un voile de poussière dorée dansant au dessus des crêtes sauvages : la danse du voile, grandeur nature !

J’atterrirai en douceur là où le souffle du désert aura bien voulu me conduire, et me joindrai aux réjouissances d’un peuple berbère, réuni miraculeusement autour d’un tajine d’agneau aux pruneaux, parsemé d’amandes émondées et accompagnés d’oignons caramélisés (40 minutes de cuisson sur feu moyen, n’oubliez pas d’ajouter la cannelle en fin de cuisson et de diluer le miel). Le vin sera bon, et fera oublier la fraîcheur soudaine de la soirée. Le narguilé conclura ce repas et grâce à ce doux transport, nous nous laisserons gagnés par la magie de cette vie, faite pour s’écouler paisiblement et joyeusement.

J’inspirerai profondément cet air délicat et savourerai chaque parfum. L’odeur de fleur d’oranger finira de me faire sombrer dans un faux-sommeil, meublé d’immensités désertiques, d’oasis intemporelles et de danses berbères.

L’ascension du M’Goun attendra. Les projets ambitieux attendront. L’action ne sera plus un moteur.

Voilà ce que j’aurai appris quand je reviendrai de Ouarzazate.

Pour l’instant, je retournerai bien dans ce resto marocain du quinzième arrondissement. On pourra prendre la voiture si l’A 13 n’est pas bouchée, sinon ce sera le RER, correspondance au Pont de l’Alma. Tant pis pour la montgolfière, je ferai confiance au pouvoir de l’imaginaire.


PS : j’avais de magnifiques photos de Ouarzazate mais je trouve que ce tajine a un pouvoir encore plus évocateur. Enfin, ce sont mes goûts personnels de chien gastronome.

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